31 femmes du cinéma camerounais : Osvalde Lewat, la Golden Lady

La réalisatrice et photographe camerounaise fait partie des Lionnes indomptables du cinéma les plus primées.

Dans le cercle très ouvert du cinéma camerounais, il y en a qui sont bruyants, et d’autres dont l’écho du travail retentit au-delà du triangle national. Osvalde Lewat fait partie de la dernière catégorie. Discrète et effacée, mais ô combien talentueuse, elle « court les festivals, multiplie les conférences et engrange les prix », depuis qu’elle a renoncé à sa carrière de journaliste pour se consacrer au cinéma et à la photographie. Son film « Au-delà de la peine » a décroché le Grand prix du film de télévision au Portugal ainsi que le Prix des droits humains au festival de Montréal. Son premier long-métrage « Une affaire de nègres » a quant à lui remporté le Grand prix du documentaire à Vérone, le Grand prix Justice à l‘écran et le Prix du public (Isère). Il a également remporté le Prix du meilleur documentaire et de la Meilleure image au Festival Vues d’Afrique de Montréal et Prix du jury au Festival international de Dubai. Sans oublier la Mention spéciale du jury au Festival du film francophone d’Angoulême et le 3e prix documentaire au Fespaco en 2012. On comprend donc pourquoi ce film a été présenté au Festival de Cannes. Des distinctions méritées pour cette tête bien faite.
Née à Garoua dans la région du Nord-Cameroun. Osvalde Lewat est la fille d’un directeur d’une filiale du groupe français Pechiney spécialisée dans la transformation de l’aluminium. Suite à la disparition de sa mère et les absences de son père dues aux exigences professionnelles, elle se tourne vers le cinéma et la lecture. Après sa formation en journalisme à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication, elle officie à la Société de Presse et d’Editions du Cameroun avant de démissionner pour vivre sa passion : l’art. Une démission nourrie par les « limites du métier et les exigences éditoriales » du quotidien national bilingue.

Celle qui a voulu être psychothérapeute va alors quitter le Cameroun après s’être fait un nom en journalisme pour suivre des stages de formation à l’image à la Femis de Paris et à Institut national de l’image et du son de Montréal. C’était pendant son stage à l’Inis qu’elle a réalisé « Le Calumet de l’espoir » en 2000, son premier court-métrage, tourné avec des Amérindiens. Puis, trois ans plus tard « Au-delà de la peine », le portrait d’un prisonnier condamné à 4 ans de prison et laissé dans les geôles de son pays, le Cameroun, pendant 33 ans. Deux ans après « Au-delà de la peine ». Osvalde Lewat braque les projecteurs sur la situation des femmes violées pendant la guerre à travers son film « Un amour pendant la guerre ». C’est en 2007 que la diplômée de Sciences Po Paris réalise son premier long métrage documentaire, « Une affaire de nègres » avec pour trame le banditisme qui sévissait à Douala. Suivront « Sderot, seconde classe » en 2011 et « Land Rush » en 2012, entre autres. Tous des films engagés, qui traitent de l’injustice, des traumatismes provoqués par les conflits armés et des crimes d’État.
Elle se sert également de l’appareil-photo pour porter la voix des défavorisés. Photographe aussi, ses photos de la série  » Couleur Nuit » ont été exposées sur la Rue de Seine à Paris, à New-York, Bruxelles, Marseille.
Son leitmotiv est: « Tant que les lions ne raconteront pas eux-mêmes leur histoire, on n’entendra que la version du chasseur ». L’épouse du diplomate français, Luc Hallade, est au Cameroun depuis quelques semaines dans le cadre des atéliers Mwinda.

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