Entretien avec Simon William Kum, réalisateur de la série « Guerre des sexes »

A la suite de la polémique autour de la série « Guerre des sexes », nous avons tenu à avoir l’avis de Entretien avec Simon William Kum, réalisateur de la série en question.

Un vent d’indignation souffle depuis la diffusion de la bande annonce de votre série « Guerre des sexes » sur Marodi Tv. Que vous reproche-t-on concrètement ?
Nos frères Sénégalais nous reprochent de pas respecter les mœurs africaines. Pour eux, le sexe est encore tabou. Par conséquent, on ne devrait pas avoir des scènes érotiques ou de nudité dans nos films et séries.

Comment avez-vous pris la nouvelle ? Comptez-vous modifier quoi que ce soit ?
Mon équipe et moi avons été profondément choqués à la lecture des centaines de commentaires désobligeants de nos frères Sénégalais par rapport à la bande annonce de la série publiée sur la chaîne sénégalaise Marodi tv. Nous certes savons que le titre de notre œuvre suscite de l’attention, mais nous n’avions jamais imaginé une telle indignation venant de nos frères, surtout que le titre « Guerre des sexes » ne fait pas référence au sexe comme organe génital, mais plutôt au genre (homme et femme). Dans cette œuvre, nous braquons les projecteurs sur les conflits qui peuvent exister dans des couples. Loin de nous de la pornographie comme certains peuvent imaginer et jugent une œuvre par son titre sans même chercher à savoir de quoi parle la production.
En ce qui concerne les modifications, la production ne compte pas changer quoi que ce soit ni dans certaines scènes de la série, ni le titre de cette fiction.

Revenons à Marodi Tv. Comment la bande annonce de votre série se retrouve sur la chaîne YouTube de cette maison de production sénégalaise alors que vous êtes en collaboration avec Wouri Tv, qui est aussi une autre maison de production et de distribution ?
Il est vrai que la série est diffusée sur Wouri tv, mais nous ne comptons pas nous limiter à cette plateforme dans notre commercialisation de la série. Le cinéma étant un business, nous comptons l’exploiter à grande échelle et sur toutes les plateformes de VOD possibles. Vous allez découvrir cette bande annonce ainsi que mes autres productions sur beaucoup d’autres structures donc je n’ose pas citer les noms pour le moment.

Au Cameroun aussi, de nombreuses cinéastes se sont indignés suite au baiser langoureux entre Therese Ngono et Charles Veillance. Quelle appréciation en faites-vous ?
Je pense si quelqu’un s’indigne au vu d’une scène romantique ou érotique dans un film réalisé par Simon William Kum, c’est qu’il n’a pas encore vu mes précédentes œuvres. Ce baiser n’était rien comparé aux scènes romantiques dans mon film « Behind » ou encore ma précédente série « Échec et mat » ou on a vu des scènes érotiques plus poussées avec les acteurs comme Hervé NguetchouangCynthia Ngono ou moi même quand j’étais encore devant la caméra. Je ne vais pas dire que c’est ma marque de fabrique, mais je pense le cinéma ne doit pas se faire avec des restrictions au nom des mœurs ou de la culture Africaine. La mondialisation a transformé le monde en un petit village, nous consommons à longueur de journée des séries et films de l’occident avec des scènes érotiques et ça ne fait de mal à personne, mais quand un réalisateur africain le fait ça devient, on crie au scandale. Et, dans la vie réelle est-ce que nous ne faisons pas des baisers dans nos couples et parfois devant nos enfants ? C’est quoi cette mentalité rétrograde des Africains ? Moi, Simon William Kum, réalisateur, j’aurais toujours des scènes romantiques et réelles dans mes films. Nous ne sommes plus dans les années 60. Le monde évolue, Africains évoluons aussi ! Et surtout, restez scotchés, il y aura encore des baisers à découvrir dans « Guerre des sexes ».

A quand la diffusion de  » Guerre des sexes  » sur une chaîne de télévision locale ?
Bientôt. La Waves films Sarl est une entreprise avec un service marketing et autres, géré par Tatiana Candice Mbarga depuis notre base en France. Nous y travaillons et le moment venu. Vous aurez « Guerre des sexes » sur une chaîne locale, si toutes les conditions d’acquisition sont réunies.

 

Propos recueillis par Maimounatou BOURZAKA

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