Initialement prévu en mai, le #Festico2020 se tiendra du 23 au 27 juin prochain, ce malgré la crise sanitaire que traverse le monde. Pourquoi avez-vous décidé de lever les rideaux sur cette édition alors qu’il y a des festivals comme Cannes qui ont été annulés ?
Le Festico a son histoire, son environnement et ses réalités. Au-delà d’être un évènement culturel, il est également humanitaire et thérapeutique. Le rire que nous distillons annuellement aux populations à travers les projections de films comiques et les spectacles d’humour, est un médicament qui traite plusieurs maux tels que le stress, l’amertume et d’autres aléas liées aux frustrations de la vie quotidienne. Par ailleurs, nous avions aussi renvoyé cette 8ème édition initialement prévue du 05 au 09 mai 2020 dernier, sauf que nous sommes restés observateur de la situation sanitaire actuelle et dès que l’assouplissement des mesures barrières a été annoncé par le gouvernement camerounais, nous avons relancé nos travaux pour trouver de nouvelles dates et un juste milieu. Nous ne prétendons pas être plus forts que les autres, mais nous essayons d’éviter les effets tendance tels que : renvoyé à une date ultérieure, qui est l’expression à la mode de nos jours et surtout un prétexte pour certains paresseux.
Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour endiguer la propagation du virus ?
Les mesures barrières seront de mise au Festico 2020. Nous comptons appliquer scrupuleusement toutes les mesures barrières édictées par l’OMS à savoir le lavage régulier des mains, le port du masque obligatoire et le respect de la distanciation sociale.
Qu’en est-il de l’évènement ? Quelles sont les différentes articulations de cette édition ?
Les articulations de cette édition sont presque les mêmes que celles des précédentes éditions. Il y aura des projections en salle et en plein air, des masterclasses, des conférences et échanges diverses, entre autres. Il faut aussi relever que l’évènement se tiendra désormais sur 5 jours contre 4 lors des précédentes éditions. Certaines activités seront délocalisées dans d’autres villes du Cameroun. Nous accueillons également le premier Marché du Scénario d’Afrique Centrale (SCRIPT SHOOPING), organisé en collaboration avec l’Association Extérieur-Jour.
On note plusieurs innovations. Notamment, le changement de site. Pourquoi avez-vous opté pour la Fondation Muna au détriment de la Salle Sita Bella qui vous accueille depuis le début de cette aventure ?
Vous savez, un festival/événement ne survit que parce qu’il réussit à attirer deux choses essentielles : le public et les partenaires. Les mesures d’obtention de la salle de cinéma Sita Bella ayant été drastiquement revues, nous nous sommes tournés vers la Fondation Tandeng Muna qui nous a déroulé le tapis rouge. Les gens doivent savoir que succès ne rime pas systématiquement avec argent, alors lorsque les gens sans aucun soutien véritable comme nous décidons de faire la promotion de la culture avec nos propres moyens, l’Etat devrait plus nous encourager en créant des facilités qui nous permettraient de trouver plus de partenaires/sponsors.
Les projections sont également annoncées dans certains quartiers de la ville de Yaoundé dont Elig-Edzoa. Pourquoi avoir opté pour la délocalisation du Festico ?
La salle de cinéma étant considérée comme un lieu luxueux et/ou inhabituel pour un grand nombre de Camerounais de la nouvelle génération, le Festico va tout simplement vers ces populations à 75% issues des quartiers populaires. Le Festico est un festival populaire très aimé et apprécié de tous, et les salles qui accueillent les éditions de notre festival ne sont pas assez grandes pour supporter un très grand nombre de festivaliers. En outre, les projections / activités en plein air donnent une connotation festive à un festival.
Dans le programme des activités, on a noté la suppression du prix « Yes We Can ». Qu’est-ce qui justifie cela ?
Cette année, nous allons décerner qu’une seule distinction honorifique (Prix Yes Papa) qui récompense la carrière d’un comédien/acteur de cinéma. Les autres récompenses seront de retour l’année prochaine. Cette édition se déroule dans un contexte particulier du fait du Covid-19. Et, cela ne va pas sans conséquence.
Un autre genre cinématographique fait son entrée dans les activités du Festico. Il s’agit des dessins animés. Pourquoi l’avez-vous intégré ?
Les dessins animés ne sont pas si nouveaux que ça dans la programmation du Festico, mais c’est la soirée spéciale dessins animés qui est un nouveau concept initié cette année. Avec le temps, nous gagnons en expérience, et nous essayons de rendre le festival plus consistant en créant des mini-événements (soirées spéciales) et ça marche plutôt bien car tout le monde se retrouve.
De mémoire, le Festico n’avait jamais projeté un long métrage à la clôture. Pourquoi ce changement ?
Le comité d’organisation regarde tous les films que reçoit le Festico, puis on les classe par catégories en essayant de garder un certain équilibre (nationalité, qualité, thématique du film). Le long métrage « LES PAPES » de Djimeli Lekpa Gervais, qui servira de film de clôture, n’est d’ailleurs pas l’unique long métrage reçu cette année. Nous avons choisi ce film parce qu’il traite d’un sujet d’actualité qui pourrait éduquer les jeunes Africains vivant en Afrique.
Propos recueillis par Maimounatou BOURZAKA